Mélanie • Mes deux césariennes en urgence

Je m’appelle Mélanie, j’ai 26 ans, 2 enfants. Au quotidien je suis infirmière à l’hôpital en service de psychiatrie adulte en région parisienne. J’ai grandi en région parisienne, l’aînée d’une fratrie de 3, j’ai 2 petits frères de 24 ans et 16 ans. Avec mon premier frère on a une très bonne relation, complice dès le plus jeune âge, bien qu’on ait été parfois dans une dynamique très conflictuelle. Avec mon deuxième frère la relation est très différente, du fait de notre grand écart d’âge, j’ai pris plaisir à m’occuper de lui dès son plus jeune âge, que ce soit les biberons, les changes et les temps de jeux. Je pense sincèrement que c’est mon plus jeune frère qui a fait naître très tôt en moi un désir de maternité. J’aimais tellement m’en occuper, que je me suis rapidement projetée maman, dès 13/14 ans. Et surtout je voulais être maman relativement jeune, ayant grandi avec des modèles de femmes ayant eu des enfants dans leur vingtaine.

Avec François, on a quatre ans d’écart. On s’est rencontrés grâce à des amis en commun, j’avais 20 ans et lui 24 ans. J’étais encore en étude d’infirmière, je terminais ma première année et lui travaillait déjà et venait de finir son alternance. On a emménagé ensemble au bout de 2 ans, quand j’ai terminé mes études et que j’ai pris mon premier poste. Mais très tôt on a parlé de notre vision de la famille, de nos souhaits en matière d’enfants. Ça faisait 3 mois seulement qu’on se côtoyait quand on a eu cette discussion autour d’une bouteille de rosée. C’était important pour moi de ne pas perdre mon temps dans une relation si on ne se projetait pas dans la même direction sur le long terme. De toute évidence deux enfants plus tard, on était plutôt pas mal raccord durant cette discussion !

Même si nous avons eu cette discussion très tôt, je souhaitais néanmoins avoir un poste fixe et lui aussi avant de lancer le projet bébé. L’avantage du travail d’infirmière c’est que je n’ai pas tardé à trouver dès ma sortie de diplôme. Pendant notre première année de vie commune, on a donc reparlé de ce sujet de façon plus régulière. En octobre, je venais de prendre un RDV de suivi avec mon gynécologue pour le mois d’avril. J’ai donc évoqué la possibilité de retiré mon stérilet à ce même RDV. Ce n’était pas encore quelque chose de sûr à ce moment-là, mais très rapidement on s’est dit que c’était le moment idéal pour se lancer. J’allais être titularisée à mon poste à l’été, lui avait son travail depuis un an.

Avril 2021 a donc sonné le début de nos essais bébé. On s’était dit, “on y va tranquille, on ne se prend pas la tête, ça viendra quand ça viendra”. Je savais que ça pouvait prendre du temps. Mais dès la fin du premier cycle j’ai trouvé l’attente longue, trop longue. Je pleurais en disant « sa ça se trouve j’ai un problème et on n’essaye pour rien, ça ne marchera pas ». Bref je me sentais tellement démunie de ne pas contrôler ça, et tellement ridicule de penser comme cela au bout de seulement quelques semaines d’essais. Heureusement que mon chéri était plus posé et terre à terre. Mais dès le mois suivant j’ai utilisé des tests d’ovulation.

Au final la grossesse est arrivée très vite, mi-juillet 2021 je suis tombée enceinte. On partait en vacances juste après ma période d’ovulation, et la serial testeuse en moi avait pris la décision de ne pas faire de test avant mon retour de vacances, qui tombait pile au moment de mes règles. J’ai eu plusieurs symptômes qui laissaient penser à une grossesse, mais je ne me faisais pas trop de films. Le lendemain de notre retour de vacances, mon conjoint était parti au travail, j’ai fait au lever deux test de grossesse de marques différentes (je voulais être sûre de moi si c’était positif ou négatif). Et la deuxième barre est apparue sur chacun des tests aussitôt. Directement je suis allée faire une prise de sang, je voulais un résultat sûr pour l’annoncer à mon chéri, j’ai également fait un 3e test de grossesse (serial testeuse jusqu’au bout) et j’ai également acheté un petit body pour faire l’annonce. Ce fut un moment fort en émotion.

Cette première grossesse a été très facile. J’ai été très sereine tout de suite, certaine que mon bébé irait bien. On l’a donc annoncé très vite à nos familles. J’ai cependant très rapidement arrêté mon travail, à 4 mois et demi, le cadre d’un service de psychiatrie n’était pas très adapté, et j’avais eu plusieurs expériences relativement violentes durant les premiers mois, j’ai préféré mettre mon bébé en sécurité. Mais du coup je me suis mis à vraiment beaucoup grossir. J’ai pris des kilos très rapidement, et j’ai fait de l’œdème sur tout le corps. Ça ne m’a pas empêché de continuer à pratiquer la danse une fois par semaine jusqu’à deux jours de mon terme. Avec mes +30 kg et mes knackis balls à la place des orteils, c’était assez cocasse.

Ce qui est assez drôle, c’est le choix du prénom de ma fille. Avant même d’être enceinte c’est un prénom qui nous est apparu, on n’en était pas 100% certain, mais dès le test positif on savait que si c’était une fille ça serait Héloïse. A tel point qu’en allant au RDV pour l’écho à 4 mois, on est parti en se disant « On va savoir si c’est une petite Héloïse ou un petit gars ».

Il y a une chose dont je suis très reconnaissante, surtout quand j’écoute des podcasts et que je lis des témoignages de femmes, c’est la bienveillance dont tous les professionnels qui ont pris en charge ma grossesse ont fait preuve. Pas une seule remarque sur ma prise de poids, qui était pourtant très loin du standard +12/15 kg. Et ça franchement j’en suis reconnaissante, même si cela ne devrait pas être source de malveillance.

Forcément la grossesse avançant, mes souhaits d’accouchements se sont dessinés. Plus je me renseignais, et plus je souhaitais un accouchement serein, sans péri, faire le max du travail chez moi. Après je gardais en tête toutes les possibilités. J’avais fait des stages en maternité durant mes études, et j’avais déjà vu des accouchements qui se passe bien, et d’autres moins bien. Je n’étais pas complètement fermée à l’idée de la péridurale si vraiment cela devenait difficile pour moi. Et je savais qu’il y avait une possibilité que l’accouchement se finisse en césarienne. Je n’avais pas d’appréhension particulière. Ma mère ayant eu deux césariennes je savais à quoi m’attendre si je devais en vivre une.

Les dernières semaines me sont parues interminables. Je comptais les jours, espérant accoucher avant le terme. Spoiler alerte, j’ai fait un petit tour à la maternité le jour de mon terme pour le RDV de contrôle en y allant seule et en conduisant. Bref tout allait bien et j’étais très loin d’être sur le point d’accoucher. Il n’y avait même pas la possibilité de demander un décollement des membranes tant mon col était fermé. Mon terme était le 15 avril 2022. Je suis retournée à la maternité, avec toujours aucun signe d’accouchement le 17 avril 2022, à J+2. Dans ma maternité ils attendent J+5 pour déclencher si tout va bien, et c’était mon cas. Donc je suis retournée chez moi.

Dans la nuit, le 18 avril à 3h du matin, une première contraction m’a réveillée. Deux autres ont suivis et je les trouvais un petit rapproché. J’ai regardé l’heure. Quatre contractions plus tard je regarde de nouveaux l’heure, il s’était écoulé 20 min. J’avais de l’espoir que les choses se lancent enfin. J’avais dormi seulement 3h (ça aura son importance par la suite). Les contractions restent relativement régulières, mais espacées de 5/7 min, jusqu’à 8h30 où tout s’arrête. Un peu triste, je décide de dormir. Mais 30 min plus tard des contractions irrégulières me réveillent. Le midi on devait se rendre chez mes parents pour déjeuner, c’était le lundi de Pâques. On avait seulement 10 min de voiture et clairement les contractions n’étaient pas insoutenables et ni suffisamment rapprochées pour qu’on s’en inquiète vraiment. Mais la valise était quand même dans le coffre au cas-où. Le repas se passe sans difficulté. Les contractions me coupent la parole très souvent, je les compte et elles sont espacées de 5/6 min. Avec ma mère on décide d’aller marcher dans un petit bois à côté de chez eux, histoire d’aider bébé à descendre et accélérer le travail. Deux heures de balades, durant lesquelles les contractions sont devenues plus fortes (je devais me suspendre sur ma mère et souffler à chacune d’entre elles) et surtout plus régulières, toutes les 3/4 min. On décide donc d’aller contrôler tout ça à la maternité, il est à ce moment-là environ 17h. Le trajet n’est pas simple, être immobilisé sur un siège pendant 30 min ce n’est pas le must pour gérer des contractions.

Et là le verdict tombe, col ouvert à 1. Je suis quand même contente car ça a bougé, mais j’espérais un peu plus. Voyant mon projet de naissance physio, la sage-femme me dit de rentrer chez moi, que je serais quand même plus à l’aise pour gérer le travail. Durant le trajet retour je commence à vocaliser pour gérer mes contractions. A la maison je mange un bon plat de pâtes et je marche dans mes escaliers, mon objectif est clairement d’accélérer les choses. On a fait des tours de jardins plus tard avec mon conjoint, vers 23h. A minuit les douleurs commencent à devenir vraiment usantes, toujours toutes les 2/3 min, je me suspends à chaque contraction et je vocalise. On retourne à la maternité. J’espère au moins être à 5/6. Mais douche froide, je suis à 2. La sage-femme nous envoie faire un tour pendant 1h et puis on contrôlera de nouveau. A 2h du matin sur le parking, paralysée par les contractions, je pleure et je crie de fatigue. Pratiquement 24h sans dormir la douleur devient ingérable. Au contrôle je suis pratiquement à 3, je demande la péridurale. D’autant plus que c’est le deuxième monito où ma fille présente de légères décélérations cardiaques. On nous conduit donc en salle de naissance. Je marche en faisant plusieurs pauses à chaque contraction. L’anesthésiste vient rapidement, à 3h30, et la péridurale me soulage rapidement. Je peux alors dormir un peu entre les contrôles. Mon col passe rapidement à 4cm, mais après ça il ne bouge plus pendant plusieurs heures, On tente de percer la poche des eaux mais cela n’avance pas plus le travail. En parallèle, je vois les monito de ma fille. Elle fait de plus en plus souvent des décélérations. A 9h je suis toujours à 4 cm, et ma fille a son rythme cardiaque qui descend à 70 à chaque contraction, qui sont rapprochées à toutes les 2 min depuis un moment. La gynéco m’annonce qu’on part en césarienne. Je ne suis pas du tout étonnée, je m’y attendais aux vues des différents éléments. Pendant une césarienne d’urgence la pudeur est vraiment mise à mal. Nue comme un vers sur la table les bras en croix pendant l’installation des champs n’est pas mon meilleur souvenir de ce jour-là. Heureusement mon conjoint a pu assister à la césarienne, ils l’ont fait entrer dès que j’étais préparée et il s’est tenu à ma tête. Il a eu pleins de mots doux et tendres pour me rassurer.  Je n’ai même pas compris que la césarienne avait commencé, je sentais mon ventre bouger mais c’était tout, c’est quand l’infirmière à côté de moi m’a dit « on voit sa tête » que j’ai vraiment compris. Et à 9h20 le 19 avril 2022 elle était née. Ils sont allés l’aspiré rapidement puis nous l’ont amené.  On a pu lui faire des bisous, l’infirmière a même pris quelques photos de nous trois. Puis mon chéri est parti avec ma fille pendant que je terminais d’être refermée. Il a pu faire du peau à peau pendant que j’attendais en salle de réveil qu’on me remonte en chambre.

J’ai pu réellement rencontrer ma fille, pratiquement 3h après sa naissance. Pendant le séjour à la maternité, mon conjoint était présent beaucoup la journée, la nuit il rentrait s’occuper de nos animaux. La dernière nuit il est resté avec nous.

Moi qui voulais allaiter, les mises au sein ont été difficiles. Très rapidement douloureuses, avec des crevasses. Elle était constamment au sein et ne dormait pratiquement pas dans son berceau. Mais à cause de la césarienne, j’étais très limité en termes de mouvement, je ne pouvais pas m’allonger, donc je restais assise dans le lit et elle dormait sur moi, tétant toutes les 20 min. On a également connu la fameuse nuit de la java. Je crois que cette nuit-là j’ai pleuré autant qu’elle. J’ai appelé plusieurs fois l’auxiliaire complètement désarmée, en lui demandant si un jour elle allait dormir ne serais ce qu’une heure d’affilée. J’ai été réellement épuisée au point d’en avoir des hallucinations au moment des brefs endormissements. Je m’étais amusée à calculer le nombre d’heure que j’avais dormis depuis le début des contractions jusqu’à J+3, j’avais compté 14h en 5 jours. Ma montée de lait tardait à venir, à J+3 je n’avais toujours que du colostrum (la fatigue et la césarienne n’ont pas fait un bon combo), je tentais pourtant de stimuler à fond entre chaque tété je tirais mon lait. Mais j’ai fini par abandonner et passer au biberon, avec un véritable dégoût pour l’allaitement.

Le retour a la maison a été un réel soulagement. Le bonheur de retrouver son chez soi, son lit (nettement plus confortable que celui de la maternité). Et physiquement j’ai récupéré très vite de ma césarienne. Ma fille a très rapidement dormi de longues nuits, à un mois et demi elle enchainait 12h. Très énergique, elle a toujours été solaire. Le post partum a été très doux, ce que je n’aurais pas pensé après un accouchement comme le mien.

Le désir d’un deuxième enfant a toujours été présent, avant même que notre première ne soit née, on savait que la famille n’était pas complète. Mais ce désir est devenu viscérale vers ses 5 mois. Comme j’avais eu une césarienne, mon gynéco m’avait conseillé d’attendre 18 mois avant une nouvelle grossesse. Niveau contraception, j’avais voulu opté pour le stérilet en cuivre (que j’avais eu avant ma première et que je tolérais très bien), mais à cause de ma cicatrice, mon utérus ne s’était pas rétracté correctement, donc impossible de l’installer. Il m’avait donc prescrit la pilule, mais je n’ai jamais pris. J’ai donc compté mes cycles, je repérais extrêmement bien mon ovulation. Ça a très bien marché jusqu’en septembre 2023, 17 mois post césarienne.

Cette deuxième grossesse a eu un début rocambolesque.  J’ai très vite senti qu’il se passait quelque chose dans mon corps. Deux jours après la date présumée de mes règles, j’ai fait un premier test, complètement négatif. Mon chéri prenait ça a la rigolade. Il avait même acheté deux jeux d’astro du signe potentiel de bébé en disant « si y en a aucun de gagnant tu n’es pas enceinte, si y en a un tu es enceinte et si y en a deux c’est des jumeaux », et bien y en avait un de gagnant.

J’attends encore deux jours, j’en refais un en fin de journée, et une très très légère barre apparait, je suis obligée de me mettre à la fenêtre pour l’apercevoir. Je préviens mon conjoint qui passe à la pharmacie acheter le Clearblue digital histoire d’être sûre.

Le lendemain matin, après une nuit sans trop dormir, je me lève vers 5h, et je refais cette fois deux test. Le classique ne fait apparaître qu’une barre. Pendant que le digital tourne, je me dis que je me suis peut-être fait de fausses idées. Et là choc, le digital affiche « Enceinte ». J’étais à l’ouverture du labo, encore plus matinale que les retraités ! Le temps d’avoir la réponse de la prise de sang m’a semblé long. En fin de journée il est revenu positif « 19UI ». Pour un retard de plus de 5 jours, ça me paraît faible. Est-ce que ce n’est pas une fausse couche ? Ou vraiment juste le début ? Deux jours d’attente pour contrôler l’évolution, ça m’a semblé une éternité.  Le résultat évoluait bien, notre bébé surprise s’était bien installé. Au final, à l’échographie de datation, on a estimé le début de grossesse à 3 jours avant mes présumées règles sur mon application. J’ai donc su que j’étais enceinte seulement 10 jours après le début de la grossesse.

La grosses s’est bien passé, peu symptomatique. Je me suis arrêtée assez tôt, j’ai commencé à avoir des contractions en fin de journées relativement tôt. J’ai eu le bonheur de sentir mon bébé encore plus tôt que pour ma première grossesse, à 11 SA je la sentais plusieurs fois par semaine.

Mon objectif était d’avoir un accouchement voie basse après ma césarienne. Mon gynéco qui me suivait n’était pas du tout contre. Ma grossesse se passait sans difficulté. A la T3 ma fille n’avait pas encore la tête complètement sur le col, elle était décalée dans la hanche mais cela n’inquiétait pas mon gynéco car il lui restait du temps pour se placer correctement.

A mon RDV des 8 mois à l’hôpital, échographie de contrôle et là mauvaise surprise, ma fille n’est toujours pas bien en bas, sa tête reste sur le côté. La sage-femme m’explique qu’il faut qu’on fasse une Version Manuelle Externe. Le RDV ait pris pour 5 jours plus tard. Elle me conseille d’avoir une séance d’ostéo, et d’utiliser plusieurs positions pour aider bébé à bien se mettre. Chose que je fais. Au rdv pour la VME, on fait d’abord une écho de contrôle et elle s’était parfaitement installée. Donc pas de VME. J’en ai profité pour voir le gynéco de l’hôpital et avoir mon accord voie basse.

Il en restait plus qu’a attendre que bébé se décide.

RDV le jour du terme. Bébé toujours au chaud. J’avais l’impression de repartir sur le même scénario que pour ma première. J+2 toujours rien et col fermé. J+4 idem. RDV le dimanche à J+5 pour commencer le déclenchement.

Le dimanche pose du ballonnet. Je le garde 24h en place, on est en salle de pré travail, je marche énormément pour faire avancer les choses (je connais tous les escaliers de l’hôpital, et le tour du bâtiment dehors par cœur). Le lendemain mon col n’a presque pas bougé, on passe à de l’ocytocine en salle de naissance. Le projet sans péri n’est plus vraiment d’actualité dans ma tête je me doute que sans bouger je ne pourrais pas correctement gérer, mais j’attends un maximum. À 12h la sage-femme m’explique que ma fille a encore tellement d’eau dans la poche qu’elle remonte et n’appuie pas sur le col donc les contractions ne servent à rien

On décide de percer la poche, mais après pose de la péridurale, mon col est encore tellement haut que les toucher sont déjà douloureux, elle ne veut pas me percer la poche sans péri.

Premier essai de perçage de poche échoué, une collègue à elle vient et réussi. Le travail avance plus rapidement à ce moment-là mais reste lent. À 19h la relève arrive je suis à 4/5cm. Je suis contente car la péri est peu dosée je n’appuie presque pas sur le bouton, que quand je commence à avoir de grosses nausées à cause de la douleur. Mais je peux vivre chaque contraction pleinement. À 3h je suis à dilatation complète, ma fille a fait durant le travail quelques petits ralentissements cardiaques mais rien d’inquiétant, on avait juste besoin de changer de position. À dilatation complète elle en fait un peu plus. On s’installe pour pousser et c’est la descente aux enfers…

À la première poussée je ressens une douleur anormale, comme une sensation de brûlure dans l’abdomen. La douleur n’était pas soulagée par la péridurale. La gynéco arrive et me voyant tordu de douleur ne sentant même plus mes contractions elle me propose d’utiliser la ventouse pour aider, j’accepte directement je veux que ça se termine rapidement. Je me concentre comme je peux pour la faire sortir, à 5h05 elle naît dans un grand cri de douleur. On me la pose dessus, cette sensation est magique mais j’ai tellement mal que je demande à ce qu’on la reprenne, en plus elle ne respire pas
Je cris et je pleure durant de longues minutes, l’anesthésiste revient pour me remettre du produit de péridurale en haute dose, la gynéco peut alors m’ausculter (avant ça je refuse qu’elle me touche ça me fait trop mal) et le verdict tombe, j’ai une rupture utérine. A savoir que pendant le travail j’ai fait de la température, qui s’est diminué avec du paracétamol. Mais cette information laisse planer le risquer d’une infection en lien avec ma rupture utérine. On part alors au bloc opératoire en urgence je vomis de douleur (j’ai d’ailleurs vomi de douleur pendant les poussées), j’ai juste le temps d’entendre que ma fille pleure et je pars avec ce poids là en moins.

À ce moment-là je ne sais pas ce qui m’arrive comment je vais sortir de ce bloc, je ne souhaite qu’une chose ne plus avoir mal. J’ai mille pensées, est ce que je vais survivre ? est ce que je vais garder mon utérus ? Et c’est comme dans les films, le brancard qui tape dans les portes et les murs, une dizaine de personnes autour de moi. Je suis finalement endormie et je ne me réveillerais qu’à 7h passée en salle de réveil. Mon chéri a la possibilité de venir de voir en salle de réveil rapidement ça me fait du bien et à lui aussi. Pendant mon opération ma fille a fait une détresse respiratoire, elle ne saturait pas correctement et a dû mettre mise sous oxygène. Elle a été emmenée en néonat’ pour surveillance (rapidement sevrée d’oxygène). Je reste en salle de réveil pendant 5h, car après l’intervention mon utérus refusais de se contracter après l’opération et qu’ils ont dû mettre une sonde et que j’ai un produit qui passe pour l’aider à se contracter et se rétracter. La cheffe de service qui m’a opéré vient me voir pendant ce temps, elle m’explique que ma cicatrice de ma première césarienne n’a pas tenu et s’est ouverte sur 2/3cm, et comme ma fille a eu ses premières selles pendant les poussées, le liquide plein de méconium s’est répandue dans mon abdomen, mais que par chance je n’ai presque pas perdue du sang (350ml au total pour mon accouchement).

Quand je monte en maternité, mon bébé est encore en néonat’, je ne peux pas me lever entre la sonde urinaire et la sonde dans mon utérus. Je dois attendre pour aller voir mon bébé qu’une auxiliaire puisse m’accompagner.

Je vois mon bébé 10h après sa naissance. La pédiatre nous annonce alors qu’elle a un souffle au cœur qu’elle prévoit une écho et un rdv cardiologue directement pour la fin du mois mais que normalement ça devrait se résorber dans les jours qui suivent, on apprend également qu’elle a un syndrome infectieux et qu’elle doit avoir des antibiotiques et rester en néonat’5 à 7 jours. Fatalement l’allaitement ne roule pas comme je l’aurais voulu, elle a déjà pris des biberons quand je la vois, on fait des tétées câlins ma montée de lait est rapide mais ma fille aura du mal à se contenter du sein et cette aventure sera encore une fois bien trop courte pour moi (15 j).

Les 4 premiers jours ma fille est restée en néonat sans moi. C’est un sentiment tellement particulier d’être une maman de bébé en néonat. Le sentiment de détresse de ne pas avoir son bébé prêt de soi, et en même temps de se sentir en décalage avec les autres parents. On échangeait des regards compatissants. Mais leur combat était certainement bien plus dur que le nôtre. Avec notre bébé de 42SA là juste pour des antibiotiques. Le dernier jour j’ai pu être en chambre mère enfant. A notre sortie, le souffle au cœur était parti. J’avais très envie de rentrer chez moi et de pouvoir fermer ce chapitre désastreux qu’était mon accouchement pour pouvoir profiter au mieux de notre vie à 4.

Notre grande est venue voir sa sœur la veille de la sortie. Ça faisait une semaine que je ne l’avais pas vu, mais à vrai dire je n’avais pratiquement pas pensé à elle, j’étais dans un état physique et psychique déplorable et je la savais entre de bonnes mains avec mes beaux-parents. Mais j’ai été tellement heureuse de la retrouver et de la voir rencontrer sa sœur. C’était le plus beau moment de ce séjour.

Le retour a la maison a été beaucoup plus doux. On s’était organisé différemment que pour ma première. Je gérais le bébé la nuit dans une chambre, et mon conjoint gérais la grande. Je ne sortais pas du lit de la nuit, que ce soit bib et couche j’avais tout à porter de main, et clairement ça a grandement changé la fatigue que j’ai pu ressentir qui était bien moindre. Ma grande a mis quelques semaines avant de se sentir rassuré dans sa place, elle nous a beaucoup demandé d’attention, auquel on a répondu à fond. Étrangement j’ai été beaucoup moins submergée par les tâches du quotidien avec deux qu’avec un.

Maintenant ma deuxième à 7 mois et ma première va avoir 3 ans. Le quotidien est encore plus doux. Avec ma reprise du travail, on a mis en place une organisation carré pour le ménage et les courses avec mon conjoint. Je pense que c’est la clé pour que le quotidien roule au mieux.

Mélanie • Maman de deux enfants

Le conseil de Mélanie

Si je devais donner un conseil à des futures mamans, c’est de s’écouter et de lâcher prise. On ne naît pas maman, on le devient et bébé saura très bien nous guider.

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Mathilde • Maman de 3 enfants (dont des jumeaux)